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Page:Theodore Pavie - Histoire des trois royaumes vol 1, Duprat, 1845.djvu/299

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les habits de cour dont elle avait besoin et des vivres excellents ; cette même nuit, l’empereur coucha au camp de Yang-Fong, et Kouo-Ssé, qui avait fui avec son armée, reparut dès le lendemain aux avant-postes à la tête d’une nouvelle division. Kong-Ming étant sorti à cheval pour le repousser, bientôt les troupes rebelles le cernèrent de toutes parts. L’empereur et Yang-Fong se trouvaient au centre du camp enveloppé par l’ennemi. « Cette fois nous sommes perdus sans ressource, » disait le prince aux mandarins.

Au milieu de ce péril, voilà que vers le sud-est retentissent des cris épouvantables ; les rebelles se dispersent en désordre comme les flots d’une mer agitée. Kong-Ming a profité du moment ; il se fraie une route sanglante hors des portes du camp, reprend l’offensive sur les troupes de Kouo-Ssé, en fait un grand carnage et les met en déroute ; alors aussi un autre général apporte du secours et se présente devant le char ; c’était Tong-Tching, oncle maternel de Sa Majesté. Ce loyal personnage avait rejoint son empereur avec mille cavaliers pour l’arracher aux mains de ses ennemis.

Sa Majesté pleurait encore au souvenir du péril passé. « Sire, rassurez-vous, lui dit Tong-Tching ; Yang-Fong et moi, nous faisons le serment de débarrasser l’Empire des deux rebelles qui vous oppriment, et de rendre la paix à l’Empire. — Allons, allons vite vers la capitale de l’est, » répondit l’empereur ; et au milieu de la nuit la cour fugitive arrivait à Hong-Nong.

Cependant, après cette défaite, Kouo-Ssé, ralliant ses troupes vaincues, revint auprès de son rival Ly-Kio, et lui donna des détails sur les événements dont il venait d’être témoin. « Si l’empereur arrive dans le Chan-Tong, s’il s’y établit, disait-t-il, assurément il fera un appel à tout l’Empire. Les grands vassaux se rallieront au prince, et nous serons exterminés nous et les nôtres. — Les troupes de Tchang-Tsy, maîtresses de la capitale, n’osent encore attaquer, répondit Ly-Kio ; réunissons nos forces, marchons de concert sur Hong-Nong, tuons le souverain et ensuite nous partagerons l’Empire ; voulez-vous ? — Si mon frère aîné seconde les faibles forces de son jeune frère,