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Page:Thevet - La France antarctique - Gaffarel, 1878.djvu/170

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CHAPITRE XX.

De la multitude et diuersité des poissons estant soubs la ligne Equinoctiale.


Avant que sortir de nostre ligne, i'ay bien voulu faire mention particuliere du poisson, qui se trouue enuirô sept ou huict degrez deça et delà, de couleurs si diuerses et en telle multitude, qu'il n'est possible de les nombrer, ou amasser ensemble, comme un grand monceau de blé en un grenler. Et faut entêdre qu'entre ces poissons plusieurs ont suyui noz nauires plus de trois cens lieues : principalement les dorades, dont nous parlerons assez amplement cy apres. Les marsouins apres auoir veu de loing noz nauires, nagent impetueusement à l'encôtre de nous, qui donne certain presage aux mariniers de la part que doit venir le vent : car ces animaux, disent-ils, nagent à l'opposite, et en grande trouppe, comme de quatre à cinq cens. Marsouin, pourquoy ainsi appellé. Ce poisson est appellé Marsouin, de Maris sus[1] en Latin, qui vaut autant à

  1. D'après Littré, la véritable étymologie du mot serait le gothique merisum, qui, d'ailleurs, a la même signification que maris sus.