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Page:Thevet - La France antarctique - Gaffarel, 1878.djvu/272

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et amis de celuy qui me tient prisonnier : auec plusieurs semblables paroles. Les Sauuages ne craignêt point la mort. Par cela pouuez congnoistre qu’ils ne font conte de la mort, encores moins qu’il n’est possible de penser. I’ay autrefois (pour plaisir) deuisé auec tels prisonniers, hommes beaux et puissans, leur remonstrât, s’ils ne se soucioyent autrement d’estre ainsi massacrez, comme du iour au lendemain à quoy me respondans en risée et mocquerie, noz amis, disoient ils, nous vengeront, et plusieurs autres propos, monstrans une hardiesse et asseurance grande. Et si on leur parloit de les vouloir racheter d’entre les mains de leurs ennemis, ils prenoyent tout en mocquerie. Traitement des femmes et filles prisonnieres. Quant aux femmes et filles, que l’on prend en guerre, elles demeurent prisonnieres quelque temps, ainsi que les hommes, puis sont traitées de mesme, hors-mis qu’on ne leur donne point de mary. Elles ne sont aussi tenues si captiues, mais elles ont liberté d’aller ça et là : on les fait travailler aux iardins et à pescher quelques ouïtres. Ceremonies aux massacres des prisonniers. Cahouïn, bruuage. Or retournôs à ce massacre. Le maistre du prisonnier, comme nous auons dit, inuitera tous ses amis à ce iour, pour manger leur part de ce butin, auec force cahouin, qui est un bruuage fait de gros mil, auec certaines racines. A ce iour solênel tous ceux qui y assistent, se pareront de belles plumes de diuerses couleurs, ou se teindront tout le corps. Celuy specialement qui doit faire l’occision, se mettra au meilleur equipage qu’il luy sera possible, ayant son espée de bois[1] aussi

  1. Cette épée de bois se nommait l’iwera pemme. Hans Staden (P. 301) donne de curieux détails sur la préparation de cet ins-