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Page:Thevet - La France antarctique - Gaffarel, 1878.djvu/282

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CHAPITRE XLII.

Du mariage des Sauuages Ameriques.


C’est chose digne de grande commiseration, la creature, encore qu’elle soit capable de raison, viure neantmoins brutallemêt. Par cela pourrons congnoistre que nous ayons apporté quelque naturel du vêtre de nostre mere, que nous demeurerions brutaux, si Dieu par sa bonté n’illuminoit noz esprits. Côme se marient ceux de l’Amerique. Et pour ce ne faut penser, que noz Ameriques soient plus discrets en leurs mariages, qu’en autres choses. Ils se marient les uns auec les autres, sans aucunes cerimonies[1]. Le cousin prendra la cousine, et l’oncle prendra la niece sans difference ou reprehension, mais non le frere la sœur. Un homme d’autant plus qu’il est estimé grand pour ses

  1. Léry. § xvii : « Pour l’esgard des cerémonies, il n’en font point d’autre, sinon que celuy qui voudra auoir femme soit vefue ou fille, apres auoir sceu sa volonté, s’adressant au pere, ou au defaut d’icelluy aux plus proches parens d’icelles, demandera si on luy veut bailler une telle en mariage. Que si on respond qu’ouy, des lors sans passer autre contrat il la tiendra auec soy pour sa femme. »