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Page:Thevet - La France antarctique - Gaffarel, 1878.djvu/297

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suffirait pour repaistre deux hommes. Perroquets. Ils nourrissent en outre des perroquets, lesquels ils châgêt en traffique aux Chrestiès, pour quelques ferrailles[1]. Nul usage d’or ou d’argent entre les Sauuages Quant à or, et argent monnoyé, ils n’en usent aucunement. Iceux une fois entre les autres, ayans pris un nauire de Portugais, ou il y auoit grâd nombre de pièces d’argent monnoyé, qui auoit esté apporté de Morpion, ils donnèrent tout à un François, pour quatre haches et quelques petis cousteaux. Ce qu’ils estimoiêt beaucoup, et non sans raison, car cela leur est propre pour coupper leur bois, lequel auparauant estoient contraints de coupper auec pierres[2], ou mettre le feu es arbres, pour les abatre : et à faire leurs arcs et flèches ils n’usoyent d’autre chose. Charité des Sauuages l’un enuers l’autre. Ils sont au surplus fort charitables, et autant que leur loy de nature le permet. Quât aux choses qu’ils estiment les plus précieuses, côme tout ce qu’ils reçoinent des Chrestiês, ils en sont fort chiches : mais de tout ce qui croist en leur pais, non, comme alimens de bestes, fruits et poisson, ils en sont assez libéraux (car ils n’ont guère autre chose) non seulemêt par entre eux, mais aussi à toute nation, pour veu qu’ils ne leur soyent ennemis. Car incontinent qu’ils verront quelcun de loing arriuer en leur païs, ils luy présenteront viures, logis, et une fille pour son seruice, comme nous auons dit en quelque endroit. Aussi viendront à l’entour du peregrin femmes et filles

  1. P. Gaffarel. Histoire du Brésil Français. P. 80.
  2. On aura remarqué cette curieuse constatation de l’âge de pierre en Amérique.