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Page:Thevet - La France antarctique - Gaffarel, 1878.djvu/301

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les médecins) viennent ou de l’air, ou de la manière de viure : ie me suis aduisé de escrire une maladie fort familière et populaire en ces terres de l’Amérique et de l’Occident, decouuertes de nostre têps. Pians, maladie des Sauuages, et son origine. Or ceste maladie appelée Pians, par les gens du païs, ne prouièt du vice de l’air, car il est de là fort bon et têperé : ce que monstrent par experiêce les fruits que produit la terre auec le bénéfice de l’air (sans lequel riê ne se fait, soit de nature ou artifice) aussi que la maladie prouenât du vice de l’air offense autant le jeune que le vieux, le riche côme le pauure, moyenât toutefois la dispositiô interne. Sauuages, peuple fort luxurieux, et charnel. Reste dôc qu’elle prouienne de quelque maluersation, comme de trop fréquenter charnellemêt l’homme auec la femme, attendu que ce peuple est fort luxurieux, charnel, et plus que brutal, les femmes specialemêt, car elles cherchent et prattiquent tous moyens à emouuoir les hommes au déduit. Qui me fait penser et dire estre plus que vraysemblable, telle maladie n’estre autre chose que ceste belle verolle auiourd’huy tant commune en nostre Europe, laquelle faussemêt on attribue aux François, comme si les autres n’y estoyent aucunement subiets : de manière que maintenant les estrangers l’appellent mal François[1]. Chacun sçait

  1. On a longtemps disserté et on dissertera longtemps encore sur l’origine de la siphylis. Thevet paraît être dans le vrai quand il en attribue l’introduction en Europe à des soldats Espagnols qui avaient servi en Amérique. Cf. Sanval. Du mal de Naples. — de Koch. Nouvelles recherches sur l’origine et les premiers effets du mal de Naples. Dissertations insérées dans le T. xi. P. 129-156 de la collection Leber.