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Page:Thevet - La France antarctique - Gaffarel, 1878.djvu/304

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elle vient tousiours du vice du cerueau, par quelque moyê qu’il ait offensé. Aussi n’est toute maladie d’ieux ophthalmie, côme mesme l’ô peut voir entre les habitans de l’Amerique, dont nous parlons : car plusieurs ont perdu la veue sans auoir inflammation quelconque aux ïeux, qui ne peut estre à mô iuge ment, que certaine humeur dedâs le nerf optique empeschant que l’esprit de la veue ne paruiene à l’œil. Vent austral malsain. Et ceste plenitude et abondance de matiere au cerueau, selon que i’en puis congnoistre, prouient de l’air et vêt austral, chaud et humide, fort familier par delà, lequel remplit aysement le cerueau : comme dit tresbien Hippocrates. Aussi experimentôs en nous mesmes par deça les corps humains deuenir plus pesans, la teste principalement, quand le vent est au midy. Curatiô de ces ophthalmies. Pour guerir ce mal des ïeux, ils couppent une branche de certain arbre fort mollet, côme une espece de palmier, qu’ils emportent à leur maison, et en distillent le suc tout rougeatre dedans lœil du patient. Ie diray encores que ce peuple n’est iamais subiet à lepre, paralysie, et ulceres, et autres vices exterieurs et superficiels, comme nous autres par deça : mais presque tousiours sains et dispos cheminêt d’une audace, la teste leuée comme un cerf. Voyla en passant de ceste maladie la plus dangereuse de nostre France Antarctique.