Aller au contenu

Page:Thevet - La France antarctique - Gaffarel, 1878.djvu/316

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

viuant, Description du Carinde, oyseau de excellête beauté. il ne s’en trouue un qui excede en perfection et beauté, cestuicy, qui se voit coustumierement en l’Amerique, nommé des Sauuages Carinde[1], tant nature se plaisoit à portraire ce bel oyseau, le reuestant d’un si plaisarit et beau pennage qu’il est impossible n’admirer telle ouuriere. Cest oyseau n’excede point la grandeur d’un corbeau : et son plumage depuis le ventre iusques au gosier, est iaune comme fin or : les œlles et la queue laquelle il a fort longue, sont de couleur de fin azur. A cest oyseau se trouue un autre semblable en grosseur, mais different en couleur : car au lieu que l’autre a le plumage iaune, cestuy cy l’a rouge, comme fine escarlatte, et le reste azuré. Ces oyseaux sont especes de perroquets, et de mesme forme tât en teste, becs, que pieds. Les Sauuages du païs les tienêt fort chers à cause que trois ou quatre fois l’ânée ils leur tirêt les plumes[2], pour en faire chapeaux, garnir boucliers, espées de

  1. Le Carindé est appelé Canidé par Léryxi). Sa description est à peu près identique : « Ayant tout le plumage sous le ventre et à l’entour du col aussi iaune que fin or, le dessus du dos, les aisles et la queue, d’un bleu si naïf qu’il n’est pas possible de plus, estant aduis qu’il soit vestu d’une toile d’or par dessous et emmantelé de damas violet figuré par dessus. » Cf. Thevet. Cosm. univ. P. 85. Gandavo. Santa Cruz. P. 85.
  2. Ni Léry ni Thevet n’ont indiqué la méthode indienne pour prendre ces oiseaux. Belon l’a donnée (Hist. de la nature des oyseaux. P. 297) : « Les sauvages du Brésil ont des flesches moult longues, au bout des quelles ils mettent un bourlet de cotton à fin que tirant aux papegaux ils les abattent sans les naurer. » Cf. Yves D’Evreux. Voyage au nord du Brésil. P. 204.