Aller au contenu

Page:Thevet - La France antarctique - Gaffarel, 1878.djvu/323

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

plus difficile. Iceluy ne ressemble du tout le nostre, mais est plus furieux et dangereux : et a la dent plus longue et apparente. Il est totalement noir et sans queue, d’auantage il porte sur le dos un euent semblable de grandeur à celuy du marsouïn, auec lequel il respire en l’eau. Ce porc sauuage iette un cry fort espouuentable, aussi entend t’on ses dents claqueter et faire bruit, soit en mangeàt ou autrement. Les Sauuages nous en amenerêt une fois un lié, lequel toutesfois eschappa en nostre presence. Cerf de l’Amerique. Le cerf[1] et la biche n’ont le poil tant uni et delié comme par deça, mais fort boureux et tressonné, assez long toutefois. Les cerfs portent cornes petites au regard des nostres. Les Sauuages en font grande estime pource qu’apres auoir percé la leure à leurs petis enfans, ils mettront souuent dedâs le pertuis quelque pièce de ceste corne de cerf, pour l’augmenter, estimans qu’elle ne porte venin aucun : mais au contraire elle repugne et empesche qu’à l’endroit ne s’engendre quelque mal. Propriété de la corne de cerf. Pline[2] afferme la corne de cerf estre remede et antidote contre tous venins. Aussi les medecins la mettêt entre les medicamês cordiaux, comme roborant et confortant l’estomac de certaine proprieté, comme l’iuoire et autres. La fumée de ceste corne bruslée a

  1. Léryx) les nomme seouassous : « mais, outre qu’il s’en faut beaucoup qu’ils soyent si grans que les nostres, et que leurs cornes aussi soyent sans comparaison plus petites, encore different ils en cela qu’ils ont le poil aussi grand que celuy des cheures de par deça. »
  2. Pline. H. N. xxxviii. 46, 64.