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Page:Thevet - La France antarctique - Gaffarel, 1878.djvu/38

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y consentit de bonne grâce, mais il prit soin de le constater dans un de ses ouvrages[1].

Léry et Fumée, par jalousie de métier, Belleforest, par ingratitude, avaient attaqué Thevet. On comprend moins l’acharnement de de Thou. A l’entendre, Thevet n’aurait eu ni talent, ni conscience : « Il s’appliqua[2], dit-il, par une ridicule vanité à écrire des livres, qu’il vendait à de misérables libraires ; après avoir compilé des extraits de différents auteurs, il y ajoutait tout ce qu’il trouvait dans les guides des chemins et autres livres semblables qui sont entre les mains du peuple. Ignorant au-delà de ce qu’on peut imaginer, il mettait dans ses livres l’incertain pour le certain et le faux pour le vrai, avec une assurance étonnante. » A part le reproche d’ignorance, ou tout au moins de

  1. Eloge des hommes illustres. Êdit. 1671. T. VII. P. 292. « De ma part, quand il m’auroit plus offensé qu’il n’a, ie serois bien fasché de satyriser et mal parler d’un mort. Ioint qu’a la fin de ses jours, reconnaissant le tort qu’il sçauoit, d’auoir fait imprimer ces livres, où contre sa conscience il déchiroit la renommée des gens de bien, et de ceux qui lui auoient mis le pain en main, il me manda, et, en présence de deux docteurs de la Sorbonne, son médecin et son marchand libraire et imprimeur, Gabriel Buon, après m’auoir baisé les mains, confessa publiquement qu’il sentoit sa conscience chargée des blasmes qu’il m’auroit imposés : parquoy il me demanda pardon par plusieurs fois. »
  2. Thou. Histoire de France. Liv. XVI.