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Page:Thevet - La France antarctique - Gaffarel, 1878.djvu/381

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nons à nostre Bresil. Cest arbre porte fueilles semblables à celles du bouis, ainsi petites, mais epesses et frequentes. Il ne rend nulle gomme, côme quelques autres, aussi ne porte aucun fruit. Il a esté autrefois en meilleure estime, qu’il n’est à présent, specialement au païs de Leuant : lon estimoit au commencement que ce bois estoit celuy que la Royne de Saba porta à Salomon, que nomme l’histoire au premier liure des Roys, dit Dalmagin[1]. Voyage au Leuât d’Onesicrite capitaine d’Alexandre le Grand. Aussi ce grand capitaine Onesicrite au voyage qu’il fit en l’isle Taprobane, située en l’Ocean Indique au Leuant, apporta grande quantité de ce bois, et autres choses fort exquises : ce que prisa fort Alexandre son maistre. De nostre bresil, celuy qui est du costé de la riuiere de Ianaire, Morpion, et cap de Frie est meilleur que l’autre du costé des Canibales, et toute la coste de Marignan. Quand les Chrestiens, soyent Fràçois ou Espagnols, vont par delà pour charger du bresil, les Sauuages du païs le couppent et depecent eux mesmes, et aucunefois le portent de trois ou quatre lieues[2], iusques aux nauires : ie vous laisse

    Dieppois et les Malouins et autres Normands vont quérir du bois à teindre en rouge, cotons, guenons, et perroquets et autres denrées. »

  1. Ces bois précieux cités par la Bible (atse, hâal, mughim), le sandal, l’aloès et l’ébène, sont encore l’objet d’un commerce important sur la côte orientale d’Afrique.
  2. Thevet. Cosmographie universelle. P. 950. « Ils y prennent si grant peine que l’ayant porté iusques aux navires quelques voïages vous leur voyez leurs espaules toutes meurtries et dechirées de la pesanteur du boys. » Cf. LÉRy. § x1n. — F. Denis. Une Fête brésilienne à Rouen en 1550.