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Page:Thevet - La France antarctique - Gaffarel, 1878.djvu/410

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ainsi demeurerêt là sept mois entiers : lesquels voyans les choses ne succeder à souhait, reprennent chemin, et passent outre, ayâs pris pour côduite huit de ces Sauuages, qui les menerent enuiron quatre vingts lieues, passans tousiours par le milieu d’autres Sauuages, beaucoup plus rudes, et moins traitables, que les precedens : en quoy leur fut autant necessaire que profitable la conduite. Finablement congnoissants veritablemêt estre paruenus à la hauteur d’un lieu nommé Morpion, lors habité de Portugais, les uns, comme lassez de si long voyage, furent d’auis de tirer vers ce lieu susnommé : Diuision de leur compagnie pour tirer à la riuière de Plate. les autres au contraire de perseuerer iusques à la riuière de Plate[1], distante encore enuiron trois cês lieues par terre. En quoy pour resolution, selon l’aduis du Capitaine en chef, une part1e poursult la route vers rlate, et l’autre vers Morpion. Pres lequel lieu nos pelerins speculoyent de tous costez, s’il se trouueroit occasion aucune de butin, iusques à tant qu’il se trouua une riuiere passant au pié d’une mointagne, en laquelle beuuans, considerent certaines pierres, reluysantes comme argent, dont ils en porterent quelque quantité iusques à

  1. Il est probable que l’excellent Thevet s’en est laissé conter par quelque hâbleur espagnol, car Orellana n’accomplit jamais ce voyage à travers le continent. Après avoir débouché dans l’Atlantique, il partit tout de suite pour l’Espagne, et sollicita le gouvernement de l’immense pays qu’il venait de découvrir. Charles-Quint lui accorda sa demande et donna le nom de Nueva Andalucia à sa découverte. Mais Orellana ne réussit pas dans un second voyage d’exploration, et mourut sur le territoire des Manoas (1545). C’est peut-être un des survivants de cette seconde expédition qui raconta ses aventures à Thevet.