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Page:Thevet - La France antarctique - Gaffarel, 1878.djvu/439

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que la mer a autrefois passé par dedans auec toutes ses eaux et poissons : et que d’un autre large vase estoient saillis le Soleil et la Lune, le premier homme et la premiere femme. Bohitis, prestres. Ce que faussement leur ont persuadé leurs meschans prestres, nômez Bohitis : et l’on creu longue espace de temps, iusques à ce que les Espagnols leur ont dissuadé la meilleure part de telles resueries et impostures. Au surplus ce peuple est fort idolatre[1] sur tous autres. Idolâtrie de ces peuples. L’un adore en son particulier ce qu’il luy plaist : les pescheurs adorent un poisson nommé Liburon, les autres adorent autres bestes et oiseaux. Ceux qui labourent les iardins adorent la terre : mais en general ils tiennent le Soleil un grand Dieu, la Lune pareillement et la terre : estimans que par le Soleil et la Lune toutes choses sont conduites et regies. En iurant ils touchent la terre de la main regardãs le Soleil. Ils tiennent d’auantage auoir esté un deluge[2], comme ceux de l’Amerique, disans qu’il vint un Prophete de la part de Septentrion, qui faisoit merueilles : lequel apres auoir esté mis à mort, auoit encores puissance de viure, et de fait auoit vescu. Les Espagnols seigneurs de tout le Peru. Les Espagnols occupêt tout le païs de terre ferme, depuis la riuiere de Mari-

  1. Sur la religion des Incas, consulter Wiener. Essai sur les institutions politiques, religieuses, économiques et sociales de l’empire des Incas. § v. De la religion incasique, des mœurs et coutumes Qquichuas. P. 72. — Prescott. Ouv. cité, i, 4.
  2. Tous les peuples ont cru au déluge, mais les légendes américaines présentent parfois de singulières analogies avec les croyances chrétiennes. Cf. H. de Charencey. Le Déluge et les traditions indiennes de l’Amérique du Nord.