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Page:Thevet - La France antarctique - Gaffarel, 1878.djvu/464

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eaues courantes, grandes et impetueuses, vents et tempestes, qui là sont ordinaires. Quant à la terre ferme de la Floride, elle tient de la part du Leuât la prouince de Chicoma, et les isles nommées Bahama et Lucaïa. Du costé de Ponent elle tient la neuue Espagne, laquelle se diuise en la terre que l’on nomme Anahuac, de laquelle par cy deuant avons traité. Les provinces meilleures et plus fertiles de la Floride, c’est Paunac[1], laquelle se confine à la neuue Espagne. Les gês naturels de ce païs puissans et fort cruels, tous idolatres, lesquels quand ils ont necessité d’eau ou du soleil pour leur iardins et racines, dont ils uiuent tous les iours, se vont prosterner deuant leurs idoles, formées en figure d’hommes ou de bestes. Au reste ce peuple est plus cauteleux et rusé au fait de guerre que ceux du Peru. Quât ils vont en guerre, ils portent leur Roy dans une grande peau de beste, et ceux[2] qui le portent, estans quatre en nombre, sont tous vestus et garniz de riches plumages. Et s’il est question de côbatre contre leurs ennemis, ils mettrôt leur Roy au milieu d’eux, tout vestu de fines peaux, et iamais ne partira de là, que toute la bataille ne soit finie. S’ils se sentent les plus foibles, et que le Roy face semblant de s’enfuyr, ils ne faudront de le tuer : ce qu’obseruent encore auiourd’huy les

  1. Paunac parait correspondre au Texas et à la Louisiane d’aujourd’hui.
  2. Voir dans la collection des Grands et petits voyages, par De Bry, les planches qui représentent les caciques portés en cérémonie par leurs sujets.