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Page:Thevet - La France antarctique - Gaffarel, 1878.djvu/509

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Diables[1], et le cap de Marco, distant de la ligne cinquante six degrés, nous costoyames à senestre ceste contrée, qu’ils ont nomée Terre neuue, merueilleusemêt froide : qui a esté cause que ceux qui premierement la descouurirent, n’y firent long seiour, ne ceux aussi qui quelquefois y vont pour traffiquer. Ceste Terre neuue est une regiô[2] faisant une des extremitez de Canada, et en icelle se trouue une riuiere, laquelle à cause de son amplitude et largeur semble quasi estre une mer, et est appellée la riuiere des trois freres, distâte des isles des Essores quatre cens lieues, et de nostre France neuf cens. Elle separe la prouince de Canada de celle que nous appellons Terre neuue. Aucuns modernes l’ôt estimée estre un destroit de mer, comme celuy de Magellâ, par lequel lô pourroit entrer de la mer Oceane à celle du Su ou Pacifique[3], et de faict Gêma Frisius, encor

  1. Les îles des Diables sont marquées dans toutes les géographies du XVIe siècle. La carte de l’Atlantique insérée dans le Ramusio (ii, 336) place au nord de Terre-Neuve l’île des Diables, dont on voit, en effet, une légion voltiger à l’entour. Cortereal (Ramusio, iii, 129) donnait à une île sur la côte du Labrador le nom d’Isola de los Demonios. Ruysch dans son Atlas de 1507-1508 insère encore dans ces parages une insula demonum. Thevet dans sa Cosmographie universelle et Ortelius dans son Theatrum mundi l’enregistrent avec soin. Ces îles paraissent correspondre aux nombreux îlots qui entourent Terre Neuve.
  2. Erreur : Terre-Neuve étant une île et non pas une presqu’île. La prétendue rivière dont parle Thevet, se nomme le détroit de Belle-Isle.
  3. Ce fut, en effet, la grande préoccupation des navigateurs du XVIe siècle : tous ils cherchaient un passage vers les Indes.