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Page:Thevet - La France antarctique - Gaffarel, 1878.djvu/517

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CHAPITRE LXXXIII.

Des isles des Essores.


Il ne reste plus de tout nostre voyage, qu’à traiter d’aucunes isles, Isles des Essores pourquoy ainsi nommées et redoutées des navigâs. qu’ils appellent des Essores, lesquelles nous costoyames à main dextre, et non sans grand danger de naufrage : car trois ou quatre degrez deçà et delà souffle ordinairement un vent[1] le plus merueilleux, froid, et impétueux, qu’il est possible : craintes pour ce respect, et redoutées des pilots et nauigâs, comme le plus dangereux passage, qui soit en tout le voyage, soit pour aller aux Indes, ou à l’Amérique : et pouuez penser qu’en cest endroit la mer n’est iamais tranquille, ains se leue contremont, côme nous voyons souuêtefois que le vent esleue la pouldre, ou festus de la terre, et les haulse droictement contremont, ce que nous appellôs cômunement turbillon, qui se fait aussi bien

  1. Les Açores sont en effet sujettes à de soudaines tempêtes, à de brusques changements. Les navigateurs ne peuvent guère compter sur du beau temps durable que du solstice d’été à l’équinoxe d’automne. En hiver, sans parler des sautes de vent et de la grosse mer, tout l’archipel est sujet à des pluies et à des brouillards.