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Page:Thevet - La France antarctique - Gaffarel, 1878.djvu/53

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Celuy la fait beaucoup pour soy
Qui fait en France comme moy,
Cachant sa vertu la plus rare,
Et croy veu ce temps vicieux,
Qu’encore ton livre seroit mieux
En ton Amerique barbare.

Car qui voudroit vn peu blasmer
Le pays qu’il nous faut aymer,
Il trouueroit la France Arctique
Auoir plus de monstres, ie croy
Et plus de barbarie en soy
Que n’a pas ta France Antarctique.
Ces barbares marchent tous nuds,
Et nous nous marchons incognus,
Fardez, masquez. Ce peuple estrange
A la pieté ne se range.
Nous la nostre nous mesprisons,
Pipons, vendons et deguisons.
Ces barbares pour se conduire
N’ont pas tant que nous de raison,
Mais qui ne voit que la foison
N’en sert que pour nous entrenuire ?

  Toutesfois, toutesfois ce Dieu,
Qui n’a pas bani de ce lieu
L’esperance nostre nourrice,
Changeant des cieux l’inimitié,
Aura de sa France pitié
Tant pour le malheur que le vice,
le voy noz Roys et leurs enfans
De leurs ennemis triomphans,