Aller au contenu

Page:Thevet - La France antarctique - Gaffarel, 1878.djvu/57

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


  Ie voy ton voyage, qui passe
Tous degrez et dimensions
D’vn Strabon, qui le ciel compasse,
Et les habitez orizons,
Lesquels Ptolomée limite :
Mais leur congnoissance petite
Surpassent tes conceptions.

  Car avant costoyé d’Aphrique
Les regnes riches, et diuers,
Les loingtains pais d’Amerique
Doctement nous as decouuers :
Encore en l’Antarctiq’auances,
Non vne, mais deux telles Frances
Qui soient miracle à l’vniuers.

Et ce que iamais l’escrit d’homme
N’auoit par deça rapporté
Tu l’exprimes, tu le pains, somme
Tel tu le fais, qu’en verité
L’obscur[i]té mesme en seroit clere
Tant que par ce moyen i’espere
Que lon verra resuscité

  Des Mondes cest infini nombre,
Qui feit Alexandre plourer.
O que d’arbres icy ie nombre,
Quels fruits doux i’y peuz sauourer :
Que de monstres diuers en formes,
Quelles meurs de viure difformes
Aux nostres tu sçais coulourer !