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Page:Thibaudet – Trente ans de vie française – Volume I.djvu/46

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lariste et nationaliste, ne durât pas. M. Maurras, qui voit la difficulté de concilier ici ses deux nationalismes, tranche hardiment le nœud gordien, et affirme : « Le classique, l’attique est plus universel à proportion qu’il est plus sévèrement athénien, athénien d’une époque et d’un goût mieux purgés de toute influence étrangère. Au bel instant où elle n’a été qu’elle-même, l’Attique fut le genre humain[1]. » Mais tous les éléments de ce classique, de cet attique, sont ioniens ou doriens, sont venus à Athènes d’ailleurs, y ont pris leur point de perfection, puis, ce qu’un printemps avait apporté à l’été, l’été l’a rendu à l’automne, qui l’a transmis à des saisons nouvelles. L’attique est plein d’influences étrangères, l’Acropole en est peuplée. L’art athénien de Phidias lui vient des statuaires peloponnésiens et ioniens, comme l’art romain de la Renaissance vient de Florence et d’Ombrie, et il redescend de l’Acropole vers l’Ionie, et le Peloponnèse, et la mer et l’avenir, non moins fécond que fécondé. Ce qui est vrai de l’art de la cité l’est de la cité. Ce qui s’est concentré dans Athènes se diffuse hors d’Athènes, et son rayonnement dont nous vivons nous intéresse plus que sa concentration, sa cristallisation, image idéale de laquelle nous ne savons même pas s’il était possible qu’elle vécût.

  1. Anthinea, p. 56.