Page:Tinayre - Figures dans la nuit.pdf/125

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
117
LÉGENDE DE DUCCIO ET D’ORSETTE

sonna sur le roc nu. L’austère couvent se dessina, gris comme la pierre grise qui le portait, parmi les sapins noirs et les hêtres. Tout ce sommet de la Verne était un bastion naturel, affreusement crevassé de précipices. Duccio se rappela les récits de sa mère, et comment la montagne s’était fendue dans sa hauteur colossale, à l’heure même que Jésus expirait sur la croix. Glacé, tremblant, il étreignit la taille de son oncle, et baissa le front pour pleurer. Mais un son de cloche tomba de la cime effrayante ; une voix, qui parlait dans le vent, murmura : « Duccio », et l’enfant sentit une caresse sur ses cheveux. Il comprit que le vœu de sa mère était exaucé, et que saint François, invisible et présent, accueillait le petit agneau de Dieu dans la bergerie.