Aller au contenu

Page:Tinayre - Figures dans la nuit.pdf/15

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

ciennes, c’étaient des rêveries de poètes et des contes de nourrice. Pourtant, le souvenir de ces rêveries et de ces contes émouvait l’incrédule Machatès, et faisait passer un frisson entre ses épaules. Il se gourmanda lui-même pour cette faiblesse, et voulant se rassurer par le son de sa voix et par un geste élégant, il dit :

— Ô vierge inconnue, Machatès, fils de Criton, te remercie pour ton hospitalité. Je boirai dans ta coupe et dormirai sous ton toit, mais non sans te marquer ma reconnaissance. Accepte l’anneau de fer que je porte à ma main gauche. Il est d’un métal commun, et cependant il est précieux par les signes qu’un mage de Babylone y fit graver, voilà bien des siècles.

Il tira donc l’anneau de son doigt et le plaça sur l’autel, puis il but le vin de la coupe et se coucha sur la dalle même du caveau dont la fraîcheur le saisit. Son pétase glissa de côté. Allongé parmi les roses, la tête soutenue par son manteau roulé, Machatès s’endormit bientôt d’un sommeil paisible.