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Page:Tinayre - Figures dans la nuit.pdf/17

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des maquignons. Machatès possédait, par bonheur, une bourse bien garnie, cachée entre sa ceinture et sa peau. Il résolut de coucher à la prochaine auberge et d’acheter un autre cheval pour gagner Larissa, le lendemain, et poursuivre ses voleurs. Le pied leste, il se mit en route, prenant plaisir à marcher, et fredonnant une chanson libertine qui était à la mode, cette année-là, dans la ville d’Athènes. Sans rencontrer personne, il arriva aux abords d’une bourgade où brillaient quelques feux de bon augure. La maison la plus proche était précisément l’hôtellerie, et sur le seuil se tenait l’hôtelier, en tunique un peu grasse, portant comme un sceptre une cuiller à pot. Une excellente odeur de mouton rôti allécha le voyageur, qui demanda, incontinent, le souper et le gîte, et s’il se pouvait, un bain. L’aubergiste répondit que sa maison était pleine, parce que beaucoup de gens, allant à la foire de Larissa, se reposaient, pour la nuit, dans le village. Il ne pouvait disposer même d’un grabat. Machatès tenta de séduire l’hôte. Il se nomma et dit qu’il avait de l’argent, bien qu’il fût sans monture et sans bagage. Pendant qu’il parlait, un homme de grande taille, bien vêtu,