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Page:Tinayre - Figures dans la nuit.pdf/183

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LA SIRÈNE DE KERDREN

ne m’effraient pas, et je veux surprendre à l’aube les directeurs et ingénieurs des mines de Huelgoat… C’est le désir de vous saluer, monsieur, et de vous remettre mon mémoire, qui m’a fait dévier de mon chemin.

— Allons ! vous coucherez ici.

— Hélas ! monsieur, je ne saurais… Après souper, je devrai partir, bien à regret, je vous assure.

— Vous êtes brave, citoyen Mazurier.

— On m’a dit que le district était calme.

— On me l’a dit aussi. Pour moi, qui ne sors jamais de Kerdren, je suis mal renseigné… Enfin, ce n’est pas ici la Vendée ! Et si vous ne craignez pas les lavandières de nuit, fées et korrigans…

— Ils ne se montrent qu’aux Bretons, et je suis Tourangeau, compatriote de Rabelais, né au clair pays de la raison… Mais vous-même, monsieur, vous ne donnez point dans les superstitions gothiques ?

— Monsieur, dit Le Guilvic d’un ton solennel, j’ai lu dans les œuvres d’un Anglais — génie informe et barbare ! — qu’il y a plus de choses sur la terre et dans le ciel que n’en peut concevoir notre philosophie…