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Page:Tinayre - Figures dans la nuit.pdf/207

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LA SIRÈNE DE KERDREN

quant une cellule en forme de vaste niche profonde.

À l’intérieur de cette cachette, aérée par une étroite meurtrière d’où vient le souffle humide de la nuit, une lampe brûle.

— L’abbé ! dit M. de Kerdren, le hasard vous a servi. Préparez-vous. Il faut être à Morlaix dès la pointe du jour.

Un homme jeune, à face pleine, aux yeux bruns, vêtu d’une veste en peau de bique, saute dans la salle.

— Monsieur, dit-il, vous contez à ravir. De ma cachette, j’ai tout entendu : le discours sur les combinaisons chimiques et l’histoire de la Sirène de Kerdren. Et j’ai bien compris que vous aviez saoulé le minéralogiste… Mais qu’ai-je à gagner dans cette affaire ?

— Votre salut… je parle de celui du corps, car celui de l’âme ne me concerne point… Écoutez-moi, Trentiniac. Ce pauvre diable d’inspecteur est saoul, comme vous dites, ou plutôt il est sous l’influence d’une boisson que les négresses appellent un quimbois, un philtre, dont j’ignore la composition, mais dont je connais les effets… Afin de retenir ici mon homme, en donnant au quimbois le temps d’agir, je lui ai dit ce conte qui, pour