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Page:Tinayre - Figures dans la nuit.pdf/213

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LA SIRÈNE DE KERDREN

de Guéchy ont rencontré un homme-marin ?

— Je crois qu’il est minuit et que j’ai juré de vous donner congé, citoyen, quand cette heure fatidique serait passée, répondit le vieillard, avec son rire cassé… Je vous aurais gardé bien volontiers jusqu’à demain, mais il me faut faire votre volonté…

À regret, Mazurier se leva :

— Oui, dit-il, le devoir m’appelle…

— Et Corentin vous attend, devant la porte, avec votre cheval tout sellé. N’êtes-vous point las ? Vous sentez-vous à votre aise ?

— Jamais je ne fus plus dispos, et jamais pourtant, je n’ai eu plus de peine à me remettre en voyage. On est bien chez vous, citoyen ! Cette soirée, votre accueil, notre entretien, la liqueur des Îles, le conte fantastique dont vous m’amusâtes, tout composera pour moi un souvenir charmant. Et c’est singulier : après une journée fatigante, je n’ai, pas une minute, éprouvé le désir du sommeil !

— Vous m’en voyez ravi.

— Et j’ose espérer que vous lirez mon mémoire.

— J’y emploierai la journée prochaine.