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Page:Tinayre - Figures dans la nuit.pdf/228

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FIGURES DANS LA NUIT

Duchesne de Tulle, le rédacteur de l’Observateur montagnard, reniait ainsi l’abbé Jumel, autrefois vicaire à Sainte-Opportune de Paris, puis curé de Houilles, auteur d’un Éloge de l’Impératrice Marie-Thérèse et d’un Panégyrique de saint Louis. Il oubliait qu’il avait prêché un Petit Carême à l’École militaire et prononcé un sermon sur l’amour et l’obéissance qu’on doit aux rois ; mais il rappelait souvent, comme des titres de gloire, qu’il avait publié à Paris un journal intitulé : « Je suis le véritable Père Duchesne, moi, f… ! », et qu’il avait soutenu, dans le jardin du Luxembourg, un grand combat « contre les calottins et autres aristocrates ». En 1791, peut-être pour se débarrasser d’un acolyte encombrant, l’abbé Grégoire, son protecteur, l’avait fait nommer « vicaire épiscopal » de la Corrèze. Il régnait maintenant sur le faible Brival et présidait le Club des Amis de la Constitution. Au lieu du costume ecclésiastique, il arborait, depuis quelques mois, l’ample pantalon rayé des sans-culottes, la chemise ouverte, la veste carmagnole et le bonnet rouge enfoncé sur ses cheveux en désordre. Son ramage était égal à son plumage : de la bouche qui avait prononcé naguère les paroles de la Consécra-