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Page:Tinayre - Figures dans la nuit.pdf/245

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SAINT JEAN LIBÉRATEUR

— Ils y sont toujours.

— Je ne les vois point.

— L’humidité a bien abîmé les couleurs. Mais regarde, Bonnefont ! Ne reconnais-tu pas la tête d’un cheval, et puis le casque de Roland, et puis, là-haut, l’Enfant-Jésus sur l’épaule de saint Christophe ? Approche donc… Que crains-tu ?… L’abbé Jumel ? Cet avale-crapaud n’est pas caché là pour nous entendre !

— Ah ! ma mie, il n’est pas de Tulle, et il ne connaît pas la chambre peinte des Loyac. S’il savait — Bonnefont baissa la voix — s’il savait que monsieur Sage a un saint Christophe chez lui, il ferait à cette maison ce qu’on a fait à La Chapelle du Puy-Saint-Clair et aux Visitandines… Le temps des saints est fini.

— Oui, dit la vieille, dont la figure s’assombrit. On ne va plus en pèlerinage aux fontaines. Il est fait défense à sainte Claquette de délier la langue des enfants. Si tu brises un verre à la fontaine de Saint-Dulcet, pour appeler les âmes de tes défunts, elles n’osent plus venir, les pauvres âmes ! Et ce soir, ce soir de Lunade, on ne promènera point le Libérateur, le grand saint Jean.

— Ne criez pas si fort, ma Lionardoune,