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Page:Tinayre - Figures dans la nuit.pdf/257

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SAINT JEAN LIBÉRATEUR

tes, fête des Astres époux, le Soleil roi et la Lune mère ; fête des douze mois, glorifiés par les douze reposoirs où s’arrêtent les processionnaires, dont le cercle immense dessine l’orbe de l’Éternité. Fête païenne transposée en fête chrétienne dans son double symbolisme ; fête de la Lumière annonciatrice d’une plus grande Lumière, fête du Feu divin brûlant dans la solitude et de la Voix clamant dans le désert ; fête qui préfigure la Résurrection, fête dédiée à la victoire de la clarté sur les ténèbres et de la vie sur la mort.

Elle commençait au lever de la lune d’où elle tirait son nom charmant. Alors, le saint sortait de la cathédrale, le vieux saint chevelu et barbu de noir, tel un empereur de légende, avec son manteau de velours pourpre et son diadème d’or. Il s’avançait, sur un brancard drapé, soutenu par des pénitents blancs, et derrière lui, en bel ordre, suivait tout un peuple : les élèves des petites écoles et ceux du collège, escortés du régent en surplis et du recteur paré d’un riche pluvial ; les jeunes filles de l’institut Sainte-Ursule, les membres des confréries et leurs bannières, les douze cents pénitents bleus, blancs, gris, portant la