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Page:Tinayre - Figures dans la nuit.pdf/35

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précipita dans la chambre où reposaient Damostrate et Charitô.

Elle criait :

— Ô ma maîtresse Charitô ! Éveille-toi ! Quitte tes voiles de deuil et sacrifie à la Déesse Infernale ! Ta chère enfant, ta Philinnion que tu as tant pleurée !… Elle n’est pas morte !… Je l’ai revue tout à l’heure… Elle a secrètement épousé l’Athénien qui porte au doigt son anneau d’or, et ils ont dormi cette nuit ensemble… Ne me regarde pas ainsi, Charitô !… Par les Grandes Déesses, je dis la vérité !… Lève-toi !… Et toi aussi, Damostrate ! Il faut interroger le jeune homme et savoir où il a connu Philinnion, et pourquoi elle vient le retrouver la nuit sans donner à sa famille la consolation de la savoir vivante…

Damostrate et Charitô crurent que la vieille avait perdu la raison et ce discours renouvela leur douleur.

— Tais-toi, insensée ! fit Damostrate. Comment Philinnion serait-elle l’épouse de l’Athénien, elle que nous avons mise au tombeau il y a huit jours à peine ?

— Que la terre m’engloutisse si je mens ! J’ai vu Philinnion dans le jardin, voilée de son voile et couronnée de sa couronne. Et toi,