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Page:Tinayre - Figures dans la nuit.pdf/40

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ses joues était tombé ; ses yeux jetaient un éclair d’orage dans sa figure jaune comme la cire, et ses tresses dénouées pendaient, toutes droites, l’une sur sa poitrine, l’autre sur son dos. De sa robe verte, de sa ceinture rouge, de ses sandales, de sa chair visible ou cachée, émanait le double parfum de la myrrhe et de la rose flétrie.

Elle s’avança, et Machatès hésitant à la toucher, elle tendit vers lui sa main, petite et maigre, où l’anneau d’or était remplacé par l’anneau de fer du mage babylonien. À ce moment, Damostrate et Charitô se montrèrent, et d’abord, ils demeurèrent sans voix devant leur fille. La mère, au lieu de s’évanouir, tomba sur les genoux. D’un grand geste éperdu, elle embrassa les jambes et les flancs de Philinnion qui se raidissait sous cette étreinte… La chambre fut pleine de cris, de sanglots et de soupirs. Le père, la servante accourue aux clameurs, et même Machatès couché sur le lit, invoquaient les divinités infernales. Mais Philinnion, repoussant Charitô, se mit à parler, d’une voix faible :

— Ô mon père ! dit-elle, ô ma mère ! qu’avez-vous fait ? J’étais venue ici, con-