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Page:Tinayre - Figures dans la nuit.pdf/57

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SOSIPATRA ET LA COURTISANE

maison où nous sommes, et qui était alors toute neuve.

Première séparation des époux, après vingt ans de mariage… Tu ris, voisine ! Tu penses que le bon Chrysippe, à son retour, trouva sa femme bien fanée et découvrit sur le visage de Rhodanthe les rides qu’il n’apercevait plus, naguère, par l’effet de l’habitude ? Il arriva, tout au contraire, que les époux séparés se virent avec des yeux rafraîchis. Chacun parut nouveau pour l’autre. C’était le printemps. Soleil, averses, jardins en fleurs, colombes en amour, furent les médecins et les mages qui préparèrent un miracle inattendu. Rhodanthe, à plus de trente-cinq ans, devint grosse.

Elle était pieuse. Elle ne douta point qu’une divinité locale n’eût exaucé sa prière, et elle souhaita passer les mois de sa fécondité sous la protection de cette déesse ou de ce dieu. Chrysippe y consentit. La maison n’est pas bien éloignée de la ville, et mon bisaïeul pouvait aller à Éphèse, pour ses affaires, d’autant mieux qu’il possédait une excellente voiture à quatre roues. (Ces voitures sont aujourd’hui assez communes, mais, dans le bon vieux temps, elles étaient