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Page:Tinayre - Figures dans la nuit.pdf/95

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SOSIPATRA ET LA COURTISANE

de bois et de jardins, Jacinthe habitait une villa nouvellement construite aux frais du seigneur égyptien. Devant la porte, un gros esclave rubicond faisait jouer deux petits chiens d’espèce rare. La mine de cet homme, son vêtement, son air satisfait témoignaient en faveur de sa maîtresse. Assurément, Jacinthe avait une âme bienveillante, et les gens, chez elle, étaient bien traités. Tel portier, telle maison. En effet, dès que Sosipatra eut dit au bonhomme qu’elle désirait voir la belle Jacinthe, l’esclave la fit entrer dans la cour intérieure et la remit aux soins d’une intendante, aussi bien nourrie, aussi réjouie que lui-même. C’était une ancienne courtisane, retirée des affaires, et qui gouvernait la maison. La noble beauté de Sosipatra, son doux parler surprirent l’intendante, dont le regard exercé reconnut aussitôt l’ennemie, c’est-à-dire l’honnête femme… Elle s’apprêtait à l’éconduire poliment, quand Jacinthe, sortant du bain, passa sous la galerie de la cour, toute fleurie de roses grimpantes.

– Que me veut cette belle personne ? demanda-t-elle.

L’intendante laissa parler Sosipatra.

– J’ai un secret à te dire, ô Jacinthe,