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Page:Tinayre - La Rancon.djvu/122

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— Oh ! Jacqueline, vous ne me ferez pas ce chagrin-là.

Elle vint comme elle l’avait promis. Étienne parla d’aller déjeuner à la campagne, mais Jacqueline avait un projet :

— Écoutez, je dois dîner chez Suzanne. Vous allez m’emmener dans un faubourg, dans un endroit drôle, très peuplé, pas chic du tout… Nous serons assurés de n’y rencontrer personne. Je peux voir le vilain Paris, Aubervilliers, la Villette, les Buttes-Chaumont.

— Allons, dit-il.

Une voiture les déposa sur le boulevard de la Chapelle. Jacqueline désira marcher. Un ciel tourmenté, bleu et blanc, un magnifique ciel à la Véronèse promettait une journée ensoleillée et lourde, un couchant orageux. Jamais Étienne n’avait vu Jacqueline plus jolie, plus éprise. Dans cette même robe qu’elle portait à Vélizy, avec sa capeline, sa démarche envolée, sa taille de jeune fille, elle faisait sourire les maçons blancs de plâtre assis à la porte des cabarets. Tout le long de la populeuse rue de Flandre, sa grâce désarma les commères, facilement malveillantes pour les « aristos » égarés dans ces parages. Ceux-là, c’étaient des amoureux, ça