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Page:Tinayre - La Rancon.djvu/145

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lue, la lettre de Paul !… Ah ! le pauvre garçon ! si confiant, si loyal, si heureux de notre affection ! Pouvons-nous mettre dans sa vie les chances d’un tel malheur ?… Pensez qu’il me parle de vous, qu’il vous confie à moi, qu’il m’appelle son frère… Non, dites, nous ne pouvons pas le tromper ainsi ? Quelle serait notre vie, alors, quand il reviendrait, quand il vous reprendrait, car vous êtes sa femme ?… Oh ! essayons d’être braves !… Pensez à Paul, pensez à votre fils.

— Mon fils !…

Elle se révolta encore :

— On nous parle toujours de nos enfants quand on nous abandonne. L’enfant, c’est la moitié de notre vie, mais l’autre moitié, c’est l’amour. Ne me parlez pas d’amitié. N’essayez pas de me consoler. J’accepte tout. Je me résigne. Mais je veux pouvoir pleurer.

— Ma chérie, vous m’auriez méprisé.

— Moi, allons donc ! je vous aimais trop. Est-ce que j’ai pensé à ma vertu, à mon honneur, quand vous m’avez dit : « Sois à moi ! »

Il répliqua :

— Malgré vous, vous avez dit : « Pas ici ! pas encore ! » Vous avez respecté la maison de votre mari.