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Page:Tinayre - La Rancon.djvu/156

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Je songeais… Ton regard, ton anxieux regard,
      M’interrogea, triste et si tendre.
Mais la foule aurait pu nous voir et nous entendre.
Le jour fuyait… Tu dis soudain : « Il se fait tard. »

Et mes yeux te disaient : « Adieu ! ma bien-aimée, »
      Adieu ! Je ne te verrai pas
Réjouir de ton rire, enchanter de tes pas
Ma maison, de ta grâce encore parfumée.

J’irai seul, cheminant avec mes vieux ennuis,
      Seul, par la ville indifférente.
Et tu pars. Dans mes yeux gardant ta forme errante,
Je t’emporte où je vais, je te trouve où je suis.

Hélas ! avec ma solitude et ma détresse.
Si je pleure ce soir, ce soir, où seras-tu ?
Je ne sentirai pas, sur mon front abattu,
La fraîcheur de tes mains, l’ombre de ta tendresse.

. . . . . . . . . .


 
Cependant un soir triste et pareil à nos âmes,
Un soir mélancolique et pareil à tes yeux,
Mêlait ses fleurs de mauve au pâle azur des cieux.
Et nos cœurs sans espoir aimaient ces cieux sans flammes.

La brise palpita dans tes cheveux légers.
L’heure sonna, très loin. Nos yeux se détournèrent.
Pour la dernière fois nos mains se rencontrèrent
      Et cet adieu banal nous refît étrangers.

X

La femme de chambre vint prévenir madame que le dîner était servi. Jacqueline ne répondit pas… Elle avait appuyé sa tête sur la page dont