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Page:Tinayre - La Rancon.djvu/161

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ruban, vert comme les ramages, retenait sous les seins cette tunique chaste et révélatrice qui ne rappelait aucune mode et qui était à la fois la robe des anges, le péplos des Muses, le vêtement des jeunes filles qui mènent la Fête des fleurs dans la fresque de Botticelli. Jacqueline l’avait combinée avec tant de soin, cette toilette dessinée par Moritz, surveillée par Suzanne et qui devait la montrer aux yeux d’Étienne dans une harmonie de beauté. Et elle l’avait revêtue, ce même soir, avec tant de tristesse ! Cette tristesse invincible, qui pesait sur les épaules de la jeune femme, courbait sa tête, éteignait la verte lumière de ses yeux, Étienne la devina et il en fut ému de reconnaissance. Il avait craint de voir entrer une Jacqueline hautaine et brillante, cuirassée d’indifférent orgueil.

Le trio achevé, elle traversa le salon et gagna un fauteuil près de madame Lachaume. Étienne s’avança. Elle le vit et lui tendit la main avec un frémissement des cils, une nuance de pâleur imperceptible pour tout autre. Ils échangèrent quelques banalités à voix haute, mais leurs yeux troublés s’interrogèrent et se répondirent tour à tour. Moritz passa près d’eux, et, familièrement :

— Que dites-vous de la robe de madame Vallier ?