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Page:Tinayre - La Rancon.djvu/177

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Elle prit un papier dans son corsage et se mit à lire tout haut :

« Ma chère maman, je sais écrire tout seul et je t’écris ma première lettre. Maman, il fait beau ici. C’est très joli. J’ai un petit jardin et madame Marguerey est très bonne… Je suis allé me promener à âne dans la forêt. Il y a des œillets dans mon jardin. Il y a du persil. Maman, viens me voir avec papa. Je m’ennuie de ne pas te voir.

» Ton petit garçon qui t’aime,

» GEORGES VALLIER. »

— C’est gentil, n’est-ce pas ?… Et je vous fais grâce de l’orthographe… Il est très intelligent, mon petit Jo.

Elle recommença à rouler ses boulettes de mie de pain. Étienne prit la lettre de l’enfant, la feuille historiée de pâtés, couverte d’une grosse écriture maladroite. Son visage s’était altéré. Il murmura :

— Pauvre petit Jo… C’est vrai… Vous n’êtes pas allée le voir. Votre cœur ne vous reproche-t-il pas un peu cette négligence ?

Jacqueline, interdite, rougit :

— Il revient dans trois jours… Je ne pensais pas mal faire. Étienne, nous avons si peu de temps à nous.