Aller au contenu

Page:Tinayre - La Rancon.djvu/206

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Mais notre amour est définitif.

— Je l’espère, je le crois… Seulement cet amour, éternel en soi, n’est pas garanti contre les catastrophes extérieures. Tu n’es pas mienne, hélas ! Le caprice, l’intérêt d’un autre peuvent bouleverser nos projets et nos espérances. Ton mari peut t’emmener au bout du monde… Que sais-je ? Je goûte les joies du présent, mais je suis triste, ma Jacqueline, parce que l’avenir n’est pas à nous.

Elle mit sa joue contre la joue de son amant. Mais Étienne était bien loin des pensées voluptueuses.

— Chère, si le sort nous sépare, que restera-t-il de notre amour ? Tu garderas ton foyer, tes habitudes, les apparences du bonheur et rien ni personne ne témoignera qu’un jour nous nous sommes aimés. Pauvre amour caché, flottant sur la vie comme une fleur sans racines sur l’eau d’un lac !

— Tu es injuste, Étienne. L’amour a des racines profondes dans nos cœurs.

Et tout bas, ardemment :

— Pourquoi ne resterait-il rien de nous ? Si tu savais… si tu savais ce que je rêve ?

— Dis, mon amour ?

Elle murmura dans un baiser :

— Notre amour se perpétuerait… notre amour