Page:Tinayre - La Rancon.djvu/215

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

entreprenaient ensemble. Les soucis de la maternité prirent une place plus importante dans sa vie et jamais elle ne sacrifia les heures d’études pour aller rejoindre son amant. Près d’Étienne, dans l’amour irrégulier et clandestin, elle avait entrevu la beauté d’une union fidèle. Il avait éveillé en elle une âme d’épouse, et maintenant l’âme de la mère s’éveillait lentement. À force de vanter l’intelligence de l’enfant, sa gentillesse elle intéressa Paul lui-même. Il s’amusa à faire réciter les leçons, à examiner les devoirs de Jo ; mais ce furent des velléités sans but et sans résultat. Jo demeura à la mère et au maître improvisé. C’était un lien de plus, car ils reportaient sur cette tête innocente la tendresse qu’ils eussent vouée à un fils de leur amour. Et Chartrain songeait que la plupart des gens qui font profession de vertu eussent réprouvé la présence de l’enfant entre les deux amants comme un fait d’immoralité cynique. Mais Jacqueline avait trouvé dans son cœur d’éloquentes raisons. Le caractère d’Étienne lui inspirait beaucoup de respect. Elle comprenait mieux qu’autrefois par quel surhumain effort il avait tenté de renoncer à elle, et elle revendiquait pour elle seule la responsabilité de leur chute. Ni cette chute, ni la dissimulation imposée,