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Page:Tinayre - La Rancon.djvu/231

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au docteur, puis elle reprit sa place au chevet de son mari.

Le médecin dit à mi-voix :

— Monsieur, madame Vallier a cru pouvoir vous convoquer. Le malade repose en ce moment. Je le trouve très faible. Des complications sont à redouter. Je compte que vous éloignerez la jeune femme. Elle est à bout de forces et je crains les pâmoisons inopportunes, les cris, les attaques de nerfs… Maintenant, avec votre permission, je vais dormir un moment dans la chambre voisine. J’ai veillé la nuit dernière et j’ai le devoir de me ménager.

Il donna des explications minutieuses, indiqua la solution topique, les antiseptiques préservateurs et passa dans la pièce à côté pour dormir sur une chaise longue comme un général avant la bataille qui peut être Austerlitz ou Waterloo.

Les deux amants restèrent seuls. Le silence pesait sur eux, si profond que la respiration sifflante du malade détonnait comme un grand bruit. Une table supportait les fioles à étiquette rouge, la cuvette, les bouteilles remplies de différentes solutions. L’abat-jour, renversé de côté, éclairait vivement le mur opposé et laissait le lit