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Page:Tinayre - La Rancon.djvu/237

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rables, où l’humanité regrette la bonne mort du sommeil.

Jacqueline se tourna vers Étienne et brusquement :

— Dites-moi la vérité… Vous avez cru qu’Il allait mourir…

— Je l’ai cru.

— Alors — elle le regardait avec un regard indéfinissable — vous n’avez pas imaginé… une seconde, imaginé… souhaité…

Il lut sa pensée dans ses prunelles et cria, blessé au cœur :

— Oh ! oh ! Jacqueline ! C’est horrible !… Je n’ai pas mérité cela…

Elle voulut se faire pardonner. Elle se fit tendre et suppliante :

— Étienne, je suis une ingrate. Vous avez été admirable de dévouement. Je n’oublierai jamais comment vous avez répondu à mon appel. Mais j’ai perdu la tête… le chagrin… le remords…

Un grand silence tomba entre eux à ce mot, et Chartrain frémit tout à coup jusque dans ses fibres profondes. Il pressentait la vérité : la maladie qui avait épargné Paul Vallier tuait quelque chose ; le bonheur d’Étienne et de Jacqueline était frappé à mort.