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Page:Tinayre - La Rancon.djvu/254

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logis même du mari, au milieu du piège, sans avoir rien prévu, rien pressenti… Ils connaissaient pourtant le caractère du bonhomme. Ils n’avaient qu’à se tenir tranquilles. Je ne les excuse ni ne les plains.

Une discussion générale s’ensuivit, les hommes, sauf Moritz, excusant le mari, les femmes, sauf les Séverat, s’apitoyant sur les amants.

— Et cette malheureuse madame Cruz, dit Jacqueline. Que va-t-elle devenir ? Je ne comprends pas qu’elle ne se soit pas tuée.

— Elle se consolera avec son avocat, répondit Lachaume, à moins qu’elle ne revienne chez son mari.

— Vous méprisez bien les femmes, dit madame Lussac.

— Je méprise les femmes qui trompent. D’abord je déclare ne pas admettre le fameux entraînement de la passion. La passion romantique, irrésistible, qui s’excuse par son excès même, tout le monde en parle, personne ne l’a vue, personne ne la ressent. Que l’animalité de l’homme se déchaîne, passe encore. C’est dans la nature. L’homme est polygame et agressif. Mais la femme, être passif par tempérament et par obligation, la femme dont les sens sont plus tièdes, la volonté plus indécise,