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Page:Tinayre - La Rancon.djvu/256

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sûr, vous feriez du sentiment. Il n’y a pas de quoi. Madame Aubryot a raison à un certain point de vue : les romanciers nous ont joué un mauvais tour. Ils ont inventé l’excuse de la passion, les drames du cœur, l’adultère poétique. Des blagues ! L’adultère est ignoble, bête et banal…

— Il peut y avoir des exceptions.

— Oui et toutes les dames qui rôtissent d’innombrables balais se félicitent d’être de ces exceptions. Je ne suis pas si terrible que madame Lussac veut le croire. J’admets que le mari peut être une canaille et l’amant un héros. Alors la femme ne doit pas hésiter. Qu’elle s’en aille au bras du héros, sans tromper personne.

— Et les enfants ?

— Oui, reprit Jacqueline, croyez-vous qu’une femme soit forcément une mauvaise mère parce qu’elle cède à une passion ?

— Elle doit choisir. Ou elle sacrifie sa passion à ses enfants, ou elle sacrifie ses enfants à sa passion. Ne venez pas me parler de ces fatalités qu’on déchaîne toujours par sa propre faute, toujours, car on a prononcé un mot imprudent ou commis un acte décisif, au moment où l’on était libre encore. C’est la responsabilité des ivrognes. La loi l’admet puisqu’elle la punit.