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Page:Tinayre - La Rancon.djvu/262

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Décalogue nous dominera toujours. Celui qui prend la femme d’un ami ne mérite aucune pitié. Il a pour le défendre contre la tentation l’expérience de la vie, la supériorité de l’âge, une raison plus solide, un esprit plus cultivé. La femme élevée dans une adoration maladive de l’amour, la femme au cerveau plus impressionnable, aux émotions plus vives, victime des fatalités physiologiques, victime du divin instinct de pitié qui fait sa grâce et son malheur mérite presque toujours la pitié sinon l’indulgence…

Madame Séverat, la jeune, trouva bon de conclure la discussion en affirmant ses principes.

— Je ne comprends pas qu’il puisse exister deux opinions sur ce sujet. Il y a, n’est-ce pas, monsieur ? deux espèces de femmes : les femmes bien élevées, les femmes comme il faut et les autres. Ces aventures regrettables n’arrivent jamais aux femmes comme il faut. Quant aux autres, je les mets au rang des chiens. Oui, on devrait les marquer à la figure pour leur faire honte…

— Ah ! soupira l’aînée qui n’avait encore rien dit, quand les femmes perdent la religion, on peut s’attendre à tout.

— Bah ! fit madame Aubryot, je ne suis pas dévote, ma cousine, et je ne me crois pas moins