Aller au contenu

Page:Tinayre - La Rancon.djvu/273

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

vieille. Un verre de noyau ou de menthe ? Ça remet bien. Faut pas vous tourner les sangs, madame. On ne meurt pas de ces maladies. Moi, je connais ça. J’ai sept garçons…

Elle cligna de l’œil vers Chartrain.

— Tout d’même, y sera gentil, l’ petit, qu’y ressemble à son père ou qu’y ressemble à sa mère.

Elle s’en alla, traînant ses savates dans l’escalier.

Le silence de la maison n’était troublé que par de lointains caquètements de poules, l’aboi du chien, et parfois, ébranlant les murs, le tonnerre fuyant du train de Granville. Le soleil rougissait déjà l’horizon, du côté de Versailles. Un rayon horizontal, frappant la glace ternie où éclatait l’étoile d’une fêlure, traçait dans la pénombre un grand angle lumineux et venait mourir au pied du lit sur les franges des rideaux blancs et sur l’édredon de reps rouge. Il touchait en passant le berger de simili-bronze et l’animait d’une vie discrète. Son chapeau tyrolien posé en arrière, prétentieux et frisé, l’affreux bonhomme couleur de chocolat se transfigurait sous les jeux incertains de la lumière, et ses doigts pressaient des pipeaux d’or.

— Je suis heureuse, dit Jacqueline. Oh ! je voudrais pleurer !