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Page:Tinayre - La Rancon.djvu/286

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tête sous les couvertures. Mais ses sens surexcités percevaient les moindres sons qui parvenaient dans la chambre silencieuse… Une voix bien connue, une voix cordiale répétait :

— Oui, c’est une surprise… Tu ne nous attendais pas !…

— C’est moi qui ai voulu venir, monsieur Chartrain.

Paul !… Georges !… Ils étaient là, derrière le mur. Et c’était l’enfant qui avait voulu venir !… Jacqueline reconnaissait son joli rire. Elle le voyait avec son costume de marin, ses cheveux blonds, ses beaux yeux candides. Il avait sauté au cou d’Étienne d’un élan si joyeux, si naturel ! Ne lui avait-elle pas appris à aimer son maître ? Elle le lui donnait sans cesse comme exemple, comme un modèle à qui Jo, devenu homme, devrait s’efforcer de rassembler… Ah ! triste ironie !

Jacqueline ne pleurait pas. Ses oreilles s’emplissaient de bourdonnements confus ; son cœur dilaté heurtait douloureusement sa poitrine, comme un poing brutal, à coups sourds. Dressée sur le lit, elle écouta :

— Jo voulait te demander l’album que tu lui as promis. Il est très impatient de l’avoir.

La voix d’Étienne répondit, calme en appa-