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Page:Tinayre - La Rancon.djvu/301

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d’épouse que je souhaitais. Et cette influence que je pris sur vous, je la dus moins à moi-même qu’au souci constant que vous aviez de toujours me plaire. Votre volonté abdiquait, votre amour acceptait tout, chère Line ; j’aimais à vous voir belle et bonne, bienveillante à tous, affranchie de ces petites mesquineries qui font l’infériorité des autres femmes. Je ne réfléchissais pas qu’en développant dans votre esprit si délicat et si lucide, dans votre cœur si généreux, le goût passionné de la beauté morale, je préparais le moment où l’adultère vous apparaîtrait comme la contradiction même de votre idéal. Les événements ont précipité la crise. Devant le danger de votre mari, vous avez pris conscience des réalités que j’oubliais dans la chimère d’une félicité permise seulement aux amours sans tache. Vous avez vu la tare du nôtre. Et j’ai connu mon devoir.

» N’essayons pas de prolonger, pour l’altérer davantage, une liaison qui fut féconde en joies et n’engendre plus que des douleurs. La tendresse, la confiance, le dévouement peuvent, avec la paix reconquise, te donner le bonheur que je n’espère plus. Sois donc délivrée du mensonge. Refais ta vie. Respire librement. Une âme vulgaire eût ignoré les souffrances qui te poignèrent, la nos-