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Page:Tinayre - La Rancon.djvu/33

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ravages. Paul partit en guerre contre le pessimisme menaçant, et il publia dans les jeunes revues des nouvelles échevelées où il célébrait les vins de France et les hétaïres de Montmartre.

Pendant ce temps, Étienne suivait sa chimère — la politique, décevante maîtresse qui l’avait égaré loin du giron de la vieille Université. Convaincu, par l’expérience, qu’il n’avait pas les dons spéciaux et la chance heureuse des « conducteurs de peuples », il se consola bravement et se mit à travailler pour élever son jeune frère.

À dix-sept ans, celui-ci venait d’entrer au Conservatoire et Étienne saluait en lui un génie naissant. L’intérêt qu’il prit aux études musicales de Maurice le décida à tenter des essais de critique d’art.

Il se délassa de la critique en écrivant un volume de nouvelles, un court roman, quelques petits poèmes qui lui concilièrent l’estime des lettrés. Cependant la fortune menaçait de ne jamais entrer chez lui. Tant de travaux, tant de démarches, tant d’efforts assuraient l’aisance, à peine… « Bah ! disait la mère, Maurice nous fera riches. » Elle le croyait, pardonnant presque à son fils aîné d’avoir détourné le cadet de