Aller au contenu

Page:Tinayre - La Rancon.djvu/64

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

méconnue, la certitude d’être aimée éclata dans l’âme de Jacqueline comme une aurore.

Elle vint le lendemain. Un soleil déjà printanier riait aux vitres, et Chartrain, rajeuni par le bonheur, guettait son amie derrière le rideau soulevé.

— Est-ce possible ? dit-il en lui prenant les mains quand elle entra, c’est vous, c’est vous !

— Vous êtes content ?

— Regardez-moi, dit-il… Il me semble que mon bonheur est écrit sur mon visage.

Elle le tint un moment immobile sous la caresse de ses yeux.

Puis, avec une gaieté d’enfant :

— C’est charmant, ici… Comme on doit bien travailler auprès de cette fenêtre. Allons, monsieur mon ami, faites-moi les honneurs de la maison.

Il lui fit visiter chaque pièce, la salle à manger un peu sombre, la chambre tendue d’ancienne toile de Jouy à dessins vieux rose, meublée de vieux fauteuils Louis XVI et d’un lit Empire en acajou flammé, à tête de sphinx. Il lui raconta qu’il avait réuni peu à peu toutes les pièces de ce mobilier, fouillant les bric-à-brac les plus infâmes, avec une acharnée patience de collectionneur.