Aller au contenu

Page:Tinayre - La Rancon.djvu/75

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Il s’est vite repris. Cela vaut mieux… » Quelle singulière jalousie la tourmentait donc quand elle questionnait Vallier sur le passé de son ami ? Chartrain avait-il aimé ? Avait-il eu beaucoup de maîtresses ? Lui connaissait-on une liaison sérieuse ?… Paul ne pouvait rien dire et Moritz, habilement sondé, ne voulait rien dire. Quelquefois Jacqueline pleurait sans savoir pourquoi, d’ennui, de dépit, de tristesse.

« Mais j’aime mon mari, pensa-t-elle… Je l’aime toujours… »

Que de fois elle souhaitait que Paul se rapprochât d’elle pour la conquérir, pour l’initier à une tendresse plus grave que l’amour étourdi de la lune de miel ! Elle rêvait alors aux joies naïves des fiançailles, aux ivresses du mois nuptial. Hélas ! ces initiations voluptueuses, ces nuits de baisers, ces réveils joyeux, ce n’était pas encore le bonheur suprême… Il y avait un autre amour, une autre félicité que ne pressent pas la jeunesse, des passions si hautes, si puissantes que l’âme ne les contient pas sans s’élargir.

Quand Paul rentra, vers une heure du matin, il trouva sa femme éveillée encore, assise au coin du feu. Il fut désagréablement surpris quand elle s’appuya en pleurant sur son épaule.